Résistances aux anthelminthiques chez les vers parasites

Publié le par Joseph

Tout comme le développement des résistances aux insecticides est devenu un problème majeur de santé humaine et animale, les résistances aux anthelminthiques chez les vers parasites du tube digestif engendrent une situation de plus en plus préoccupante en élevage de petits ruminants. Le phénomène est connu dans le monde entier. Il a d’abord été décrit chez les moutons, mais la situation paraît désormais particulièrement aiguë en élevage caprin. Des suivis épidémiologiques récents en France signalent en effet, dans certaines régions, des fréquences de résistance à l’une des familles d’anthelminthiques, les Benzimidazoles, supérieures à 80 %.

Une solution récemment explorée a consisté à vérifier s’il était possible, pendant la saison du pâturage, de ne traiter, au sein d’un troupeau, que les chèvres qui en ont vraiment besoin (primipares et bonnes laitières), en laissant les autres sans traitement. Le principal avantage de la méthode tient au fait qu’elle permet de freiner le développement des résistances aux anthelminthiques. Les résultats obtenus jusqu’à présent, en station expérimentale comme en élevages, montrent que ces traitements sélectifs ont un effet comparable à celui obtenu en traitant tout le troupeau. Deux points importants sont à souligner :

 la méthode ne concerne que les traitements au pâturage et ne dispense pas de traiter TOUT le troupeau à la rentrée en chèvrerie (au tarissement) ;

 la partie de troupeau non traitée n’a pas excédé un tiers du cheptel.

Les traitements anthelminthiques actuellement commercialisés peuvent se regrouper en 3 grandes familles, selon leur mode d’action :

 Les Benzimidazoles et Probenzimidazoles (appelés communément « produits blancs »)

 Le Lévamisole et Pyrantel

 Les Avermectines/milbémycines

Une des principales recommandations pour limiter les résistances consiste à alterner les familles de molécules d’une année sur l’autre. Les résultats de l’enquête montrent que cette précaution n’est pas appliquée.

Les anthelminthiques du premier groupe (les Benzimidazoles) représentent 95 % des substances utilisées lors de la lactation et 84 % de tous les traitements employés. Cette absence d’alternance annuelle entre molécules s’explique par une raison objective : les Benzimidazoles demeurent les principales substances autorisées pendant la lactation, sans délai d’attente pour le lait, ce qui explique le recours répété d’une année à l’autre.

L’éprinomectine (Eprinex®) ne dispose pas d’une AMM caprine mais a une AMM chez les bovins seulement. Son utilisation chez les chèvres est donc liée à une prescription vétérinaire. Elle se présente sous la forme d’un pour-on et les différentes études en cours chez la chèvre montrent que son emploi nécessite une dose 1,5 à 2 fois supérieure à la dose bovine (soit 0.75 à 1 mg/kg). A ces doses spécifiques, aucun résidu n’est détectable dans le lait. Des travaux complémentaires sont en voie de réalisation pour mieux préciser les conditions d’emploi de cette substance chez les chèvres laitières.

Toutefois, l’enquête souligne aussi que seuls un tiers des élevages interrogés appliquent une alternance des familles de molécules entre périodes de lactation et de tarissement alors que, dans ce cas, aucune restriction de réglementation ne s’y oppose.

Par contre, il faut rappeler qu’en terme de gestion des résistances aux anthelminthiques, il est nécessaire de prendre pour référence, non pas un animal « moyen » mais la chèvre la plus lourde de l’effectif pour obtenir une efficacité maximale du traitement sur l’ensemble du troupeau. Cette recommandation peut bien sûr être modulée en fonction des classes d’âge, en distinguant primipares et adultes et en se référant à la chèvre la plus lourde de chaque catégorie.

Les résultats de l’enquête montrent que si, pour des raisons objectives, certaines recommandations sont parfois difficiles à appliquer chez la chèvre, il reste néanmoins beaucoup d’erreurs commises qui peuvent et doivent être évitées.

En raison du coût de développement de substances médicamenteuses, il est peu probable que de nouvelles molécules antiparasitaires soient commercialisées et autorisées chez la chèvre dans un futur proche.

Il est donc impératif de gérer au mieux l’arsenal thérapeutique actuellement disponible et de préserver, le plus longtemps possible, l’efficacité des substances actuellement autorisées.

C’est tout l’intérêt des règles simples précédemment énoncées. Il faut apprendre désormais à combiner contrôle du parasitisme et prévention des résistances aux anthelminthiques.

 

Publié dans Anthelminthiques

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